Travail isolé : que risquent vos salariés et comment les protéger ?

Un salarié est dit "isolé” quand il est hors de vue ou de portée de voix d’autres personnes. Travailler seul peut donc aggraver les risques professionnels.

Un salarié est qualifié de “travailleur isolé” quand il est hors de vue ou de portée de voix d’autres personnes et sans possibilité de recours extérieur”. Le travail isolé n’est pas un risque en soi. On parle de risque quand l’éventualité d’un évènement peut causer un dommage.
Le travail isolé est un facteur qui peut aggraver d’autres risques professionnels en contribuant à leur probabilité de survenue ou à la gravité de leurs conséquences.

C’est donc un enjeu essentiel pour la santé et la sécurité des salariés ainsi que pour la performance des entreprises.

Qu’est-ce que le travail isolé et pourquoi est-il risqué ?

Définition du travail isolé

On rappelle ici que c’est la Caisse Nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés qui donne la définition du travail isolé et dangereux.
Elle le définit comme étant la situation de travail où le salarié ne peut être ni vu ni entendu par d’autres personnes (recommandation R416 du 29/11/2004).

Qui est concerné par le travail isolé ?

Tous les secteurs d’activité comptent des travailleurs isolés. Si le travail isolé n’est pas l’apanage de certains métiers, on le rencontre en particulier dans certaines situations :

Les principaux risques du travail isolé

Travailler seul n’est donc pas source directe d’accidents du travail. Mais l’isolement renforce la vulnérabilité du salarié isolé.

Les risques encourus sont de différentes natures :

  • risques liés à la sécurité physique
  • risques psycho-sociaux
  • risques liés aux violences externes

Les risques liés à la sécurité physique

En cas de malaise ou d’ accident, le temps allongé nécessaire pour porter secours au travailleur isolé aggrave le risque d’accident mortel ou de dommage important.

Les situations typiques d’accident sont les suivantes :

  • Accidents mécaniques : Blessures dues à des équipements ou machines
  • Accidents de circulation, notamment pour les travailleurs en déplacement (ex. : techniciens de maintenance ou livreurs)
  • Risques d’épuisement et de déshydratation (chaleur)
  • Accidents d’origine électrique
  • Risques biologiques et chimiques
  • Exposition à des substances toxiques ou rayonnements

Les risques de nature psychique

Le baromètre 2024 ParisWorkplace réalisé par l’IFOP indique que 25 % des salariés se sentent souvent isolés au travail.

L’OMS a même crée une Commission pour favoriser le lien social : ” Les taux élevés d’isolement social et de solitude dans le monde ont de graves conséquences sur la santé et le bien-être”, en particulier en terme de santé mentale.

Le sentiment d’isolement au travail s’étend donc au-delà des salariés réellement isolés. Les salariés supportent plus ou moins bien les situations d’isolement.

Pour certains travailler seul peut entraîner :

  • Stress et anxiété (absence de contact, sentiment de délaissement et de solitude)
  • Anxiété face à des missions répétitives ou dangereuses
  • Épuisement professionnel, dû à une surcharge de travail  et à un manque de soutien psychologique.

Et en cas de situation imprévue, sous l’emprise du stress, le salarié peut réagir de manière inadaptée. Et cela peut aggraver la situation.

L’augmentation de l’absentéisme et des arrêts maladie consécutifs aux RPS (risques psycho-sociaux) aura aussi des conséquences sur l’ensemble de l’entreprise (turn-over, baisse de productivité, mauvaise réputation).

Les risques de violences externes

L’isolement physique peut favoriser des comportements d’agressivité (agressions physiques ou verbales) envers un salarié. En effet l’absence de témoin ou de collègues à proximité rend le salarié isolé vulnérable.

On parle alors de violences externes, c’est-à-dire exercées par une personne extérieure à l’entreprise à l’encontre d’un salarié dans le cadre de son activité professionnelle : agents d’accueil, personnels soignants à domicile, technicien de maintenance qui intervient chez un particulier, etc…

Quels outils et dispositifs pour prévenir les risques du travail isolé ?

La réglementation du travail isolé

De nombreux textes juridiques encadrent le travail isolé.

Il s’agit principalement du code du travail. Il impose à l’employeur une obligation de sécuritéCertaines activités sont interdites aux travailleurs isolés.

Les mentions du travail isolé sont multiples dans les textes et surtout très disséminées. Nous avons répertorié dans un article l’ensemble des articles législatifs et réglementaires régissant le travail isolé.

La prévention des risques du travail isolé dans le DUERP

Le Document Unique d’Évaluation des Risques professionnels (DUERP) recense toutes les situations de risques dans l’entreprise. Il doit les identifier, les classer et les évaluer. Enfin le DUERP doit proposer des actions de prévention des risques.

Le DUERP est obligatoire pour toutes les entreprises.

Mettre en place une organisation du travail adaptée

Si la suppression du travail isolé n’est pas possible, il faut mettre en place une organisation adaptée : 

  • réduire la durée des interventions isolées
  • éviter d’y affecter des jeunes salariés ou apprentis, des salariés souffrant de problèmes de santé
  • informer les salariés des risques du travail isolé

Équiper les travailleurs isolés de DATI et mettre en place une procédure d’organisation des secours

Pour répondre à son obligation de sécurité, l’employeur doit mettre à disposition du travailleur isolé un DATI. Il s’agit d’un dispositif qui donne l’alerte en cas d’urgence (accident, malaise, agression) de manière automatique ou volontaire.

Les Dispositifs d’Alerte du Travailleur Isolé (DATI) sont une solution efficace pour garantir la sécurité des travailleurs isolés. Ils permettent de :

  • Géolocaliser les travailleurs en temps réel
  • Envoyer des alertes en cas de problème (ex. : chute, absence de mouvement prolongée, perte de réseau)
  • Activer une intervention rapide pour la prise en charge du salarié en danger

Il existe différents types de dispositifs :

  • DATI classiques (boutons d’alerte, systèmes homme-mort)
  • Dispositifs technologiques : applications mobiles, montre connectée…

Le DATI doit être adapté au métier du travailleur isolé. N’hésitez pas à consulter notre guide des dispositifs DATI pour trouver celui qui sera le mieux adapté à votre situation.

Retour d’expérience : les bénéfices de la mise en place d’un DATI

Aiguillon construction

Aiguillon construction, bailleur social situé à Rennnes, a opté pour un DATI sur application mobile en 2019.

Ludovic Villalpando explique ce que ce dispositif lui a apporté : Dans mon quotidien, le DATI WaryMe m’apporte de la rassurance en tant que responsable prévention des risques et de la sécurité. Mais il a surtout pour vocation d’apporter une solution de lancement d’alerte très opérationnelle et très simple d’utilisation pour nos collaborateurs de terrain.“

Comment Aiguillon construction protège ses personnels de proximité ?

Ludovic Villalpando, responsable prévention des risques et de la sécurité, Aurélie Le Quéré, responsable du pôle proximité, et Virgile, employé d’immeuble témoignent de l’intérêt de la mise en place d’un DATI pour protéger les salariés d’Aiguillon des risques du travail isolé.

Insee

Michaela Rusnac, responsable en charge du déploiement du DATI WaryMe auprès de l’ensemble des enquêteurs de l’Insee, explique dans l‘interview réalisée en novembre 2024 que cela lui “apporte beaucoup de sérénité”. En effet le DATI “colle parfaitement à la réalité du métier d’enquêteur, en situation d’isolement : la possibilité d’avoir accès à leur position en cas de déclenchement d’alerte et la prise en compte des zones blanches, avec l‘alerte programmée et le mémo vocal correspondent parfaitement à notre besoin.” 

Savoir que quel que soit l’endroit, ils pourront être sécurisés, c’est important pour leur bien-être au quotidien dans leur travail.

Vous souhaitez protéger vos travailleurs isolés ?